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LES BERGERS ET L’AGNEAU

Mélange entre La Fontaine et Daudet (la chèvre de Monsieur Seguin)

Fable écrite par Patrick Lanciot et lue par Marcel Lanciot le 9 Juillet 2022

 

Dans les champs et les prés de Champagne pouilleuse

Poussait, bon an mal an, une herbe généreuse.

Deux bergers de Lachy, d’un arbre descendant,

L’un dit Napoléon, et l’autre dit Prudent,

Surveillaient un troupeau dans ce cadre champêtre ;

Or, parmi ce bétail, un tendre et doux agneau,

Savait que chacun d’eux s’appelait Lanciot,

Et que tous deux voulaient le détenir en Maître.

« Laissez-moi décider,

Leur avait dit la bête tendre,

Qui peut mieux me garder

Et lequel peut mieux me défendre. »

Ignorant que la vie offrait bien des dangers,

Lors d’une nuit sans lune, il quitta les bergers,

Les deux frères,

Pour aller gambader loin des chiens et du feu,

Dans une herbe plus verte et vers un ciel plus bleu,

Éphémères.

L’agneau fut libre, heureux, jusqu’au petit matin,

Seul, sans même songer aux signes du destin.

Car le loup, si féroce,

Prince du crime atroce,

Humant la tendre chair

Surgit comme l’éclair.

Le malheureux s’enfuit de ses petites pattes,

Les ailes de la peur sortaient de sa toison,

Or que le loup gourmand de viandes délicates,

Salivait en coursant cet enfant de mouton.

Il se dit qu’en ces temps existait en Champagne

Un Dieu pour les agneaux ;

Un bon ange gardien surveillant la campagne

Bien bien loin des troupeaux.

Pour avoir entendu ses paroles divines,

Prudent, Napoléon, armés de carabines,

Ayant visé le loup

Le tuèrent d’un coup.

Le mutin, sain et sauf, sentant venir le blâme,

Crut bon d’interroger le tréfonds de son âme :

 « Qu’as-tu fais, bougre d’âne, en voulant opposer

Ses deux hommes sincères ?

Il en faudrait bien plus pour pouvoir diviser

Ce qui soude deux frères. »

Objet d’un même amour et d’un même désir,

Le pécheur ne dut plus entre les deux choisir.

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